Un enfant sur dix dépasse les six heures quotidiennes d’écran hors temps scolaire, annonce l’Inserm. L’Organisation mondiale de la santé a d’ailleurs franchi un cap : l’usage abusif des jeux vidéo figure désormais officiellement parmi les troubles du comportement, gravé dans sa classification internationale des maladies.
Les professionnels de santé observent une hausse des consultations liées à l’exposition numérique précoce. Certains signaux apparaissent dès le plus jeune âge, souvent dissimulés derrière des habitudes jugées anodines. Repérer ces signes permet d’agir avant que la dépendance ne s’installe durablement.
Comprendre la cyberaddiction chez les enfants : un phénomène en hausse
Les écrans se sont imposés au cœur du quotidien des plus jeunes en France. Selon l’Inserm, près de 6 % des enfants et adolescents sont déjà concernés par une dépendance aux écrans. L’arrivée massive des téléphones portables, la prolifération des jeux vidéo et l’accès facilité aux réseaux sociaux accélèrent la tendance. Serge Tisseron, psychiatre reconnu pour ses travaux sur l’addiction numérique, note une nette progression des cas de « cyberaddiction » chez les mineurs, phénomène amplifié depuis la crise sanitaire.
La question ne touche plus uniquement les adolescents. Dès l’école primaire, parfois dès cinq ans, certains enfants développent une fascination persistante pour les écrans. Sabine Duflo, psychologue spécialisée dans l’usage des écrans, constate que les troubles émergent de plus en plus tôt. Lorsque l’usage excessif des écrans s’installe, l’enfant se montre incapable de décrocher, cherche à rester connecté à tout prix et délaisse d’autres activités qu’il appréciait auparavant.
Voici deux outils numériques particulièrement concernés par ces comportements :
- Jeux vidéo : ces univers promettent une gratification immédiate et captent l’attention, parfois au point d’entraver le sommeil ou de nuire aux relations avec l’entourage.
- Réseaux sociaux : entre comparaison permanente et stimulation incessante, ils contribuent à l’anxiété et à la quête obsessionnelle de reconnaissance.
La dépendance écrans enfants ne s’installe pas du jour au lendemain. Petit à petit, l’habitude s’ancre : l’enfant réclame sans cesse les écrans, s’agace quand il doit lâcher la tablette, négocie sans fin pour grappiller quelques minutes supplémentaires. Où commence l’addiction ? Les parents s’interrogent, parfois démunis. Pendant ce temps, la recherche médicale poursuit l’exploration de ces nouvelles formes de dépendance, qui évoluent aussi vite que les pratiques numériques des jeunes.
Quels signaux doivent alerter les parents sur une possible dépendance aux écrans ?
Les spécialistes, dont Sabine Duflo et Serge Tisseron, s’accordent sur plusieurs points pour identifier les signes à repérer liés à une dépendance écrans enfant. Un premier indice saute aux yeux : l’usage excessif à tel point que l’enfant laisse de côté jeux, sorties ou moments partagés en famille pour rester derrière un écran.
Côté émotions, la frustration monte d’un cran lorsque l’accès aux écrans est restreint. Colère, irritabilité, voire agressivité : autant de réactions qui témoignent d’un rapport devenu problématique. Les troubles du sommeil s’invitent à leur tour : difficultés à s’endormir, réveils nocturnes, fatigue persistante au saut du lit. Le manque de repos pèse rapidement sur la concentration et l’humeur.
Il faut aussi être attentif à la chute de la capacité d’attention et à la baisse des performances à l’école. Le désintérêt pour les activités habituelles, l’isolement, voire une déscolarisation partielle, sont des signes d’usages problématiques écrans. Pour mieux cerner ces signaux, voici ce qui doit interpeller :
- Isolement social et retrait des relations amicales
- Mensonges répétés concernant le temps passé devant les écrans
- Oubli ou refus des tâches du quotidien
La santé physique n’est pas épargnée non plus : troubles du comportement alimentaire comme le grignotage devant la tablette, douleurs au cou, maux de tête, fatigue oculaire. Des troubles comportementaux ou de l’agitation, relevés par l’Inserm, peuvent également s’installer, rendant la situation plus difficile à encadrer sur la durée.
Repérer les conséquences concrètes d’un usage excessif des écrans sur le quotidien de l’enfant
Passer des heures devant les écrans bouleverse l’équilibre de l’enfant, parfois sans retour arrière évident. Les chercheurs de l’Inserm observent une recrudescence des troubles du sommeil : difficultés à s’endormir, nuits hachées, fatigue qui colle à la peau au réveil. Cette dette de sommeil, longtemps négligée, finit par s’accumuler et nuit à la vigilance diurne.
L’usage excessif des écrans pousse aussi à sédentariser. Les sorties et jeux en plein air disparaissent peu à peu, remplacés par des heures passées devant une console ou un smartphone. L’Institut national de la santé souligne le lien direct entre sédentarité et prise de poids chez les enfants. Moins de mouvement, plus de grignotage : le corps s’adapte et les risques grandissent.
Les conséquences touchent aussi la santé mentale. Surexposé, l’enfant peut développer des troubles de l’attention, s’isoler, voire montrer des signes d’anxiété ou de déprime. Il se détourne de ce qui l’entoure, perd l’envie d’échanger, s’enferme dans sa bulle numérique.
Voici trois conséquences concrètes à surveiller de près :
- Conflits familiaux de plus en plus fréquents autour des usages numériques
- Baisse des résultats scolaires, souvent liée à un manque de concentration
- Développement précoce de myopie selon les spécialistes de la vue
Les chercheurs de l’Inserm poursuivent leur travail pour mieux comprendre ces conséquences de la surexposition aux écrans. Leur message : surveiller l’équilibre quotidien de l’enfant reste la meilleure façon d’éviter que ces troubles ne s’installent durablement.
Des conseils pratiques pour accompagner son enfant vers un usage plus équilibré du numérique
Le numérique s’est invité dans tous les foyers, en France comme ailleurs. Face à ce constat, des experts tels que Serge Tisseron et Sabine Duflo recommandent avant tout de poser un cadre clair autour des écrans. Évitez autant que possible les écrans dans la chambre, définissez des horaires fixes et explicites. Mais surtout, dialoguez avec votre enfant sur les contenus qu’il consomme, qu’il s’agisse de jeux vidéo ou de réseaux sociaux. Un échange ouvert, sans jugement, favorise une relation plus saine au numérique.
La réussite passe aussi par la co-construction des règles : inclure l’enfant dans la définition des limites est souvent plus efficace que d’imposer un interdit. N’hésitez pas à proposer d’autres activités concrètes : lecture, sport, jeux de société, balades en famille. Mettre en place un contrôle parental, régulièrement ajusté, permet d’accompagner progressivement l’enfant dans sa découverte d’internet, tout en respectant son autonomie.
Voici quelques leviers simples à actionner au quotidien :
- Prévoyez des plages horaires sans écran, notamment pendant les repas ou juste avant le coucher.
- Misez sur une activité physique régulière, dont l’intérêt pour éviter la sédentarité liée au numérique est largement reconnu par l’Institut national de la santé.
- Parlez avec votre enfant des risques liés à une utilisation incontrôlée : dépendance, troubles du sommeil, exposition à des contenus inadaptés.
Être vigilant, sans tomber dans la surveillance constante, reste une posture payante. Les recherches de l’Inserm montrent que l’accompagnement parental, fait de régularité, d’exemplarité et d’écoute, offre aux enfants les meilleures chances de trouver un équilibre numérique durable. Les outils changent, mais la présence et le dialogue font toute la différence. Où placer le curseur ? À chaque famille d’en trouver la juste mesure.

